Covid-19 et confinements, quel impact sur le risque suicidaire ?

Dec 3, 2020 par

Epidémie de la Covid-19, confinements successifs, crise économique, … la situation actuelle a-t-elle un impact significatif sur le risque suicidaire ? Pour le savoir, une enquête a récemment été menée en France par l’institut de sondage IFOP sur demande de la Fondation Jean Jaurès. Les résultats de cette enquête ont récemment été dévoilés.

Covid-19, confinement et suicide

Dès le premier confinement instauré au printemps 2020 pour tenter d’enrayer la propagation du virus responsable de la pandémie de la Covid-19, les spécialistes ont alerté sur les conséquences de cette situation sur la santé psychologique des Français. L’augmentation des troubles anxieux et dépressifs a rapidement fait craindre une hausse des comportements suicidaires.

Pour tenter de mieux comprendre les effets de la crise sanitaire sur la santé mentale des Français, la Fondation Jean Jaurès a demandé à l’institut de sondage IFOP de mener une enquête sur 2 000 personnes, représentatives de la population adulte française. Ces personnes ont été interrogées via un questionnaire en ligne auquel elles ont répondu entre le 21 et 28 septembre 2020. Cette enquête, intitulée « Les Français et le suicide » a été publiée fin octobre 2020.

Un Français sur cinq a envisagé de se suicider

Les résultats de cette enquête révèlent que 20 % des personnes interrogées ont déjà sérieusement envisagé de se suicider. Parmi ces personnes, 11 % y ont songé au cours du premier confinement et 17 % depuis la fin du confinement. Près de 30 % d’entre elles ont déjà fait une tentative de suicide ayant provoqué une hospitalisation, un chiffre qui n’était que de 22 % en 2016.

Certaines catégories de populations semblent plus exposées à ce risque suicidaire :

  • Les jeunes âgés de 18 à 24 ans ;
  • Les femmes de moins de 35 ans ;
  • Les artisans-commerçants ;
  • Les chômeurs ;
  • Les dirigeants d’entreprises.

Ces tendances se confirment par l’évolution de la consommation des médicaments psychotropes. Au cours de l’année écoulée, 10 % des Français ont pris des médicaments antidépresseurs, un chiffre qui s’élève à 16 % chez les chômeurs. Plus de 10 % des artisans-commerçants ont consommé des médicaments anxiolytiques et 7 % des médicaments neuroleptiques.

Une épidémie de suicide à craindre après le second confinement ?

Ces données révèlent que le premier confinement a entraîné une altération de la santé psychologique des Français et une hausse des idées suicidaires. Selon les spécialistes de la santé mentale, le second confinement pourrait avoir des effets encore plus délétères. En effet, certains phénomènes observés pendant le premier confinement, jouant un rôle protecteur, ont disparu au second :

  • La volonté de survie face à la menace mondiale du virus ;
  • L’élan de solidarité observé ;
  • La difficulté de s’isoler pour passer à l’acte.

De plus, les difficultés économiques viennent de plus en plus se surajouter à la peur du virus et aux contraintes du confinement. Des stratégies spécifiques de prévention du risque suicidaire seraient nécessaires pour détecter au plus tôt les personnes les plus fragiles et leur venir en aide le plus rapidement possible, avant tout passage à l’acte.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Source
– Les Français et le suicide. Enquête Ifop. Consulté le 01 décembre 2020.
Estelle B.
Pharmacienne
Spécialiste de l'information médicale et de l'éducation thérapeutique du patient.
Passionnée par les domaines de la santé et de l'environnement marin.
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