Plus d’idées suicidaires en cas de tension artérielle basse ?!

0
Apr 15, 2018 / par

En France, environ 10 000 décès sont chaque année imputés à des suicides. La prévention est capitale pour réduire les passages à l’acte. Si plusieurs facteurs de risque sont d’ores et déjà bien identifiés, une récente étude coréenne pointe du doigt le rôle de la tension artérielle sur les idées suicidaires.

docteur prenant la tension artérielle du patient

Suicide et facteurs de risque

Le suicide et les idées suicidaires constituent des phénomènes multifactoriels complexes, sans cause unique définie. Le passage à l’acte est rarement motivé par une recherche de la mort, mais plutôt pour mettre fin à une souffrance, physique ou psychique, devenue difficilement tolérable.

Le suicide représente un enjeu majeur de santé publique et la prévention est un axe clé pour limiter les victimes du suicide. Plusieurs facteurs de risque ont pu être mis en évidence, parmi lesquels :

  • Les troubles psychiatriques ;
  • Des antécédents de tentatives de suicide ;
  • Les addictions ;
  • Un problème de santé physique grave ou un handicap ;
  • L’isolement social ;
  • Des difficultés financières, professionnelles, personnelles ou familiales ;
  • Des évènements de vie douloureux (divorce, séparation, perte d’un proche, exil, …) ;
  • Des pertes parentales à un âge précoce.

Le plus souvent, plusieurs facteurs entrent en jeu, même si parfois aucune cause ne peut être retrouvée pour expliquer un suicide.

Lire aussi – Traumatisme de l’enfance : du parent à l’enfant

Idées et crises suicidaires

Les spécialistes considèrent plusieurs phases dans le suicide, des idées suicidaires jusqu’au passage à l’acte. La crise suicidaire est un état de trouble psychique aigu, caractérisé par la présence d’idées noires et d’une envie de suicide de plus en plus marquée et envahissante. Temporaire et réversible, elle justifie une prise en charge en urgence, pour éviter le passage à l’acte.

Les idées suicidaires sont un signal d’alarme qui précède la tentative de suicide. Elles peuvent s’exprimer par des mots, mais aussi par des comportements ou des émotions. Ces idées suicidaires sont plus fréquentes dans les situations suivantes :

  • Des antécédents familiaux de suicide ;
  • Des conflits conjugaux majeurs ;
  • La perte d’un parent à un âge précoce ou un abandon ;
  • Des violences ou abus physiques, psychologiques ou sexuels ;
  • Une maladie psychiatrique chez l’un des parents ;
  • Des problèmes d’intégration sociale ;
  • Des soucis financiers récurrents ;
  • Des difficultés avec la justice ;
  • Des soucis professionnels ou le chômage ;
  • Le placement en foyer d’accueil, en institution ou en détention ;
  • Une discrimination ;
  • Le suicide d’un proche (risque de contagion).
Lire aussi – Grandir en France aujourd’hui : un véritable défi ?

Idées suicidaires et tension artérielle basse

Récemment, des chercheurs coréens se sont penchés sur le rôle de la tension artérielle sur les idées suicidaires. Ils ont analysé les données de 10 708 adultes, âgés de 19 à 101 ans, et présentant une tension artérielle normale ou basse.

Les résultats indiquent que les personnes avec une pression artérielle systolique inférieure à 100 mm Hg (valeur normale : inférieure à 140 mm Hg) avaient une probabilité accrue d’idées suicidaires, par rapport aux participants ayant une pression artérielle normale. Cette relation s’est avérée d’autant plus forte que la pression artérielle était basse. A l’inverse, aucune association significative n’a été mise en évidence entre les idées suicidaires et la pré-hypertension artérielle ou l’hypertension artérielle.

À savoir ! La pré-hypertension artérielle se situe entre la pression artérielle normale et l’hypertension artérielle, c’est-à-dire entre 120/80mmHg et 139/89mmHg. Certaines études suggèrent que cet état est relié à une augmentation du risque d’accident cardiovasculaire cérébral (AVC).

A la vue de ces résultats, les personnes présentant une tension artérielle basse devraient être étroitement surveillées, non pas sur le plan de la santé cardiovasculaire, mais sur le plan de la santé mentale, et en particulier de la prévention du risque suicidaire.

Lire aussi – Dépression : quand manque de sommeil rime avec images négatives

Estelle B. / Docteur en Pharmacie

– L’hypotension artérielle. Pathologie Cardiovasculaire. Université de Montpellier. Consulté le 7 mars 2018.
– Crise suicidaire. AMELI Santé. 5 mars 2018.
– Association of low blood pressure with suicidal ideation: a cross-sectional study of 10,708 adults with normal or low blood pressure in Korea. PubMed. Joung, K.I. and al. 2018. BMC Public Health. DOI: 10.1186/s12889-018-5106-5.
Estelle B.
Pharmacienne
Spécialiste de l'information médicale et de l'éducation thérapeutique du patient.
Passionnée par les domaines de la santé et de l'environnement marin.
Rédige un contenu scientifique fiable avec des sources vérifiées en respect de notre charte HIC.

Laisser un commentaire

Votre adresse électronique ne sera pas publiée.