Modèle de la crise suicidaireÉtats de la crise suicidaireVulnérabilité et idées suicidairesVulnérabilité : natureVulnérabilité : mécanismesVulnérabilité : hypothèseVulnérabilité familialeVulnérabilité : autres facteurs


Modèle de la crise suicidaire

Ce modèle expliquant la genèse de la crise suicidaire est celui retenu par les recommandations nationales de l’ANAES.

Comme tout modèle, il a ses propres limites mais il est intéressant sur le plan conceptuel.

 


3 états de crise suicidaireÉtats de la crise suicidaire

Il existerait 3 états successifs :

  1. L’état d’équilibre, lorsque le sujet peut gérer à peu près toutes les situations même difficiles qui se présentent à lui. Il peut être par moments fragilisé, mais sans jamais être perdu.
  2. L’état de vulnérabilité lorsque le sujet commence à se sentir dépassé, submergé. Cet état peut évoluer de trois façons : soit vers un retour à l’état d’équilibre, soit vers une persistance des problèmes auxquels le sujet peut faire face, soit vers une persistance des problèmes sans que le sujet puisse y faire face, il risque alors de perdre pied.
  3. L’état de crise suicidaire, défini comme une crise psychique, situation de rupture et de souffrance, dont le risque majeur est le suicide. Puis le calme revient peu à peu, c’est la récupération de la crise.

 


Vulnérabilité et idées suicidaires

Les idées de suicide apparaissent dès la phase de vulnérabilité. Importantes et fugaces, elles occupent une part de plus en plus importante de la conscience, elle s’aggravent au fur et à mesure de l’évolution de la crise et peuvent se préciser jusqu’à parfois des plans clairement définis et arrêtés dans la tête des sujets.

Comme nous l’avons dit ce modèle a ses limites et, bien sûr, c’est l’interaction entre les évènements extérieurs auxquels nous sommes confrontés et les facteurs de risque, constituant la vulnérabilité, qui va influencer et moduler le déroulement de la crise suicidaire.

 


différentes natures de la vulnérabilitéVulnérabilité : nature

Les facteurs de fragilité (qu’il s’agisse de dépression ou d’évènements de vie stressants) ne conduisent au suicide que chez certains sujets qui présentent une vulnérabilité particulière.

Elle peut être de différentes natures :

  1. des traits de personnalité comme l’impulsivité ou l’agressivité qui s’expriment par la colère ou la violence ainsi que le pessimisme et le désespoir,
  2. les antécédents de tentatives de suicide,
  3. les antécédents familiaux de conduite suicidaire.

 


mécanisme vulnérabilitéVulnérabilité : mécanismes

Les constatations précédentes mènent à tenter d’identifier des mécanismes biologiques qui expliqueraient cette vulnérabilité.

Mécanismes neurobiologiques
Au plan neurobiologique, sont associées à la vulnérabilité suicidaire des anomalies du système d’un neurotransmetteur appelé sérotonine (les neurotransmetteurs sont des substances chimiques libérées par les neurones agissant sur d'autres neurones). Ce dysfonctionnement est aussi connu dans la dépression mais l’association au risque suicidaire semble indépendante. Il serait aussi lié à des comportements violents : impulsivité, agressivité, irritabilité, hostilité, conduites antisociales. Les systèmes de la noradrénaline et de la dopamine, autres neurotransmetteurs, sont aussi perturbés dans les conduites suicidaires.

Mécanismes neuroanatomiques
Au plan neuroanatomique, des anomalies retrouvées au niveau d’une zone particulière du cerveau, le cortex préfrontal font considérer cette région comme ayant un rôle clé dans le risque suicidaire. Elle est impliquée dans des mécanismes d’inhibition comportementale et cognitive.

 


Vulnérabilité : hypothèse

Ainsi, pour expliquer de façon « scientifique » la fréquence des récidives, on peut formuler une hypothèse autour des dysfonctionnements de la sérotonine selon laquelle l’objectif du premier suicide est souvent de faire cesser une émotion insupportable (douleur morale, colère, honte…).

Cette émotion entraîne un défaut de contrôle de l’agressivité qui pourrait à son tour conduire à une propension accrue aux passages à l’acte lorsque les sujets sont soumis à des facteurs de stress environnementaux ou psychiatriques.

 


vulnérabilité famillialeVulnérabilité familiale

Il existe par ailleurs une vulnérabilité familiale aux conduites suicidaires. Le risque de tentative de suicide est plus important lorsqu’il existe des antécédents au premier degré dans la famille (parents, frères et sœurs).

Cette vulnérabilité n’est pas juste le fruit de l’héritabilité des maladies psychiatriques associées puisqu’il semble exister une vulnérabilité spécifique au risque suicidaire mais semble en revanche liée aux traits de personnalité impulsifs et agressifs.

Des études génétiques sont en cours afin d’identifier des gènes candidats responsables de cette héritabilité, gènes qui pourraient être impliqués dans le déséquilibre du fonctionnement de la sérotonine.

 


Vulnérabilité : autres facteurs

Bien entendu, la composante génétique ne représente qu’une part de la vulnérabilité aux conduites suicidaires dans laquelle interviennent de nombreux facteurs environnementaux et psychologiques. Ainsi la maltraitance pendant l’enfance par le biais d’abus physiques, sexuels ou par négligence entraînent une plus grande impulsivité qui contribue au risque suicidaire à l’âge adulte.

L’ensemble de ces données qui reposent sur des travaux scientifiques et épidémiologiques ne s’oppose en aucune façon à des éléments d’explication psychologique individuelle qui doivent être pris en compte dans la prise en charge de chaque patient.