L’avortement n’augmenterait pas le risque suicidaire

Jan 3, 2020 par

Selon la DRESS, chaque année, entre 215 000 et 230 000 interruptions volontaires de grossesse sont réalisées en France. Un avortement peut avoir des conséquences psychologiques importantes pour les femmes concernées. Récemment, des chercheurs ont évalué le risque suicidaire chez les femmes ayant subi un avortement. Les résultats ont été publiés dans la revue scientifique The Lancet Psychiatry.

avortement

IVG et risque suicidaire

L’avortement, ou interruption volontaire de grossesse (IVG), est souvent associé à des troubles psychologiques chez les femmes concernées. Déjà plus de 180 publications scientifiques ont relaté les séquelles psychologiques de l’IVG. Parmi ces séquelles, se retrouvent :

  • Une dépression ;
  • Des troubles anxieux ;
  • Des conduites suicidaires ;
  • Un abus de d’alcool ou un usage de drogues ;
  • Une faible estime de soi ;
  • Un sentiment de détresse ;
  • Un stress ou un état de stress post-traumatique ;
  • Une culpabilité ou un sentiment de honte ;
  • Une hospitalisation en milieu psychiatrique ;
  • Des troubles relationnels ou affectifs ;
  • Un deuil ;
  • Des troubles du sommeil ;
  • Des dysfonctionnements sexuels ;
  • Des troubles de la vigilance.

Pourtant, le lien de cause à effet entre l’IVG et ces troubles psychologiques est rarement démontré par les études. Dans ce contexte, des chercheurs se sont intéressés plus particulièrement au risque suicidaire chez les femmes ayant subi un premier avortement.

Les tentatives de suicide après un premier avortement

Dans cette étude danoise menée entre 2000 et 2016, 523 380 femmes, âgées de 18 à 36 ans, ont été incluses. Le risque de tentatives de suicide, d’issue non fatale, a été comparée au sein de cette population entre :

  • Les femmes ayant subi un premier avortement au cours du premier trimestre de la grossesse ;
  • Les femmes n’ayant pas eu recours à l’IVG.

Les chercheurs ont analysé également le risque de tentatives de suicide, avant et après l’avortement.

Les résultats de l’étude ont montré que 9,4 % des femmes ont avorté au moins une fois au sein de la population considérée. Parallèlement, 2 % des femmes avaient tenté de se suicider au cours de la période de l’étude.

Le risque suicidaire, à prendre en compte après une IVG

Par rapport aux femmes n’ayant pas eu recours à l’IVG, les femmes ayant avorté présentaient un risque de tentative de suicide d’issue non fatale plus élevé. Cependant, ce risque était similaire durant l’année précédant et l’année suivant l’IVG. Il n’est donc pas possible d’attribuer l’élévation du risque de tentative de suicide à l’IVG.

Par ailleurs, les chercheurs ont identifié plusieurs facteurs de risque suicidaire chez les femmes ayant avorté :

  • Un contact avec un service de psychiatrie (consultation, suivi ou hospitalisation) ;
  • Des antécédents médicamenteux de prise d’antidépresseurs, d’anxiolytiques ou d’antipsychotiques.

Si le risque suicidaire ne semble pas augmenter après une IVG, cette étude confirme que les séquelles psychologiques de l’avortement peuvent être graves et doivent être pris en compte par les professionnels de santé.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

– The association between first abortion and first-time non-fatal suicide attempt: a longitudinal cohort study of Danish population registries. Lancet Psychiatry. Consulté le 02 octobre 20190.
Estelle B.
Pharmacienne
Spécialiste de l'information médicale et de l'éducation thérapeutique du patient.
Passionnée par les domaines de la santé et de l'environnement marin.
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